2.10.05

Les granges Emile Verhaeren

S'elargissaient, la-bas, les granges recouvertes,
Aux murs, d'epais crepis et de blancs badigeons,
Au faite, d'un manteau de pailles et de joncs,
Ou mordaient par endroits les dents des mousses vertes.

De vieux ceps tortueux les ascendaient, alertes,
Luttant d'assauts avec les lierres sauvageons,
Et deux meules flanquaient, ainsi que deux donjons,
Les portes qui baillaient sur les champs, large-ouvertes.

Et par elles,sortait le ronron des moulins,
Rompu par les fleaux frappant l'aire a coups pleins,
Comme un pas de soldats qu'un tambour accompagne

On eut dit que le coeur de la ferme battait,
Dans ce bruit regulier qui baissait et montait,
Et le soir, comme un chant, endormait la campagne.





Emile Verhaeren